MIRTHA DERMISACHE. 10 CARTAS. EDITIONS LE CLOU DANS LE FER, COLLECTION « ISPOSITIFS».
GALLERIA IILA – ISTITUTO ITALO-LATINO-AMERICANO
Scuderie di Palazzo Santacroce, Vicolo dei Catinari, 3 – 00186 Roma.
8 – 28 Nov. 2007
Lu. – Sa., 11h00 – 19h00
Tel: 06 68492.274.
Artiste: Mirtha Dermisache. Scénographie: Florent Fajole (Editions Le clou dans le fer, collection « Dispositifs »).
L’œuvre de Mirtha Dermisache (Buenos Aires, 1940) occupe une place intermédiaire entre les arts plastiques et l’écriture, tant sur les plans esthétique et conceptuel qu’en terme d’économie et de réseau de diffusion. Le sémiologue et écrivain français Roland Barthes l’associe à ses réflexions sur la théorie du « Texte ». Il la situe ainsi dans la catégorie des « écritures illisibles » aux côtés de Bernard Réquichot ou d’André Masson. Marc Dachy, critique d’art et éditeur, lui offre une place prépondérante dans le numéro spécial de sa revue Luna Park qu’il consacre aux graphies ; et selon Guy Schraenen, son premier éditeur européen, Mirtha Dermisache ne tente pas d’inventer de nouveaux langages mais libère d’infinies possibilités d’expression.
Dans un reportage inaugural que lui consacre l’écrivain et cinéaste argentin Edgardo Cozarinsky en 1970, Mirtha Dermisache précise les critères de diffusion élémentaires de son travail. Loin de l’envisager sous le signe de l’œuvre unique, elle choisit le multiple comme forme essentielle et exclusive de divulgation et adopte des formats d’expression usuels (le livre, le journal, el bulletin d’informations, l’article, le reportage, la carte postale, la lettre, le cahier, etc.) qui renvoient à l’univers de la Galaxie Guntenberg, à ses techniques de reproduction et à ses canaux de diffusion. Toutefois, bien qu’elles s’inscrivent résolument dans le monde des flux de communication, les publications de Mirtha Dermisache ne cessent pas pour autant d’habiter le périmètre de l’art contemporain, maintenant ainsi un dialogue possible avec les œuvres d’artistes tels que Christian Dotremont, Brion Gysin, Guy de Cointet, Hanne Darboven, Jiří Kolař, Irma Blank, Henri Michaux ou encore Carlfriedrich Claus.
La spécificité du mode de circulation des travaux de Mirtha Dermisache réside précisément dans sa qualité éditoriale. Il ne s’agit plus d’exposer des œuvres originales mais d’explorer des modes de circulation qui offrent des résonnances conceptuelles.
La relation créative qui unit Mirtha Dermisache à son éditeur, Florent Fajole (éditions Le clou dans le fer, Reims, France) depuis 2003, consiste justement à réintégrer ces publications dans l’exploration scénographique de l’art actuel par le biais d’installations ou de dispositifs, un terme très en syntonie avec les protocoles de l’art intermédial. La pratique du dispositif transforme le processus éditorial en un acte artistique complet en assimilant les caractéristiques plastiques et sémiotiques des publications d’artistes dans l’espace et le temps.
L’intervention présentée à la Galleria IILA de l’Istituto Italo-Latino-Americano inclut la dernière publication de Mirtha Dermisache, 10 cartas, parue récemment aux éditions Le clou dans le fer. Elle consiste en un dispositif rectangulaire délimité à ses extrémités par quatre rampes de bibliothèques contenant chacune un choix de publications de l’artiste argentine et quelques éléments bibliographiques de contextualisation. Au centre de l’installation, deux tables et chaises permettent la consultation et la lecture des titres mis à disposition du public. L’ensemble évolue ainsi dans un contexte où les relations entre la multiplicité des signes et leur diffusion sous la forme de multiples peuvent être explorées de façon polysémique.
Texte : Florent Fajole
Editions Le clou dans le fer, collection « dispositifs », France.