OFF&POP
UNE HISTOIRE DU CINEMA EXPERIMENTAL ITALIEN AVANT ET APRES 1968
Du 8 janvier au 12 mars 2014, le Centre Pompidou présente « off&pop », une plongée dans l’histoire du cinéma expérimental italien au tournant des années soixante et soixante-dix.
À la fin des années soixante, le cinéma expérimental italien puise dans la profusion des expériences et des émotions esthétiques les raisons de sa propre renaissance. L’influence considérable du New American Cinema et du Living Theater sur la scène internationale se conjugue dans la péninsule avec les recherches formelles et conceptuelles de la scène artistique: le Pop Romain de Mario Schifano et Franco Angeli, l’Arte Povera de Michelangelo Pistoletto, les expérimentations théâtrales de Carmelo Bene ou encore le renouveau littéraire défendu par le Gruppo 63. Comme tout mouvement artistique à ses débuts, cette nouvelle avant-garde italienne, dans laquelle le film trouve une place de premier ordre, s’identifie à un désir collectif de renouveau contredisant ainsi une tendance à uniformiser l’inspiration.
Réunis au sein de la Coopérative du Cinéma Indépendant fondée en 1967 à Rome, les principaux acteurs de ce renouveau cinématographique n’ont de cesse de réinventer le cinéma: dans les dispositifs matériels des films sténopés de Paolo Gioli, dans la subjectivité des journaux filmés de Massimo Bacigalupo et Paolo Brunatto, dans l’élargissement de la perception au-delà de l’écran traditionnel chez Tonino De Bernardi, dans le surgissement les fantômes de l’inconscient chez Piero Bargellini ou encore dans rétablissement du choc surréaliste de l’objet trouvé avec le chef d’ouvre d’Alberto Grifi et Gianfranco Baruchello, La Verifica Incerta, réalisé en 1964. De leur côté, les peintres tels Ugo Nespolo, Mario Schifano, Gianfranco Baruchello et Luca Patella redéfinissent, par un recours au film, les limites compositionnelles rencontrées dans leurs pratiques, alors que Pino Pascali, Yannis Kounellis ou encore Michelangelo Pistoletto trouvent dans l’enregistrement sur pellicule et la projection une extension de leurs actions performatives. C’est enfin avec le couple Anna Lajolo et Guido Lombardi et leur film C -La casa del fuoco réalisé en 1968 puis avec Anna d’Alberto Grifi et Massimo Sarchielli (1972-1975) que commencent les années politiques.
C’est dans ce mouvement de confluence des pratiques artistiques que s’est jouée la singularité du cinéma expérimental italien des années soixante et soixante dix ; non pas dans une simple réactivation du projet néo-wagnérien d’œuvre totale, mais bien dans une proposition à l’italienne de reconsidérer le film dans sa totalité – c’est à dire dans l’œil de la caméra et dans la dimension humaine du corps et du regard comme mesure de toutes choses – et venir ainsi paraphraser Giacomo Puccini dans la Tosca : «Le mystère de l’art qui se joue dans la diversité des beautés confondues »
Annamaria Licciardello et Sergio Toffetti
Remerciements: Cineteca Nazionale, Roma, Associazione Culturale Alberto Grifi, Roma; Fondazione Baruchello, Roma; MART, Rovereto; A-fondo Associazione culturale, Torino; Museo Nazionale del Cinema, Torino; Fondazione Pistoletto, Torino; Tonino De Bernardi, Tristano Ferrero e Ugo Nespolo; Institut Cultural Italien de Paris; Light Cone (Paris), Cinedoc (Paris)